Notre arrivée à Huaraz, 3100 m, dans la Cordillère des Andes, se fait de nuit, par une route avec passage de cols à plus de 4000 m et avec au moins 200 virages en épingles.

Notre objectif en débarquant à Huaraz est d’effectuer un trek réputé comme étant l’un des plus beaux au monde: Santa Cruz. En chiffres : 50 km en 4 jours, col à 4750 m et… températures négatives la nuit. Dans l’absolu, le trek de Santa Cruz est bien indiqué et peut se faire seul. Cependant, la perspective de porter notre matériel de camping, 4 jours complets de vivres ainsi que plusieurs litres d’eau ne nous réjouit guère. Nous nous mettons donc rapidement en quête d’une agence qui s’occupera de la logistique : transport, service de muletier, cuisinier et guide.

Les agences où nous prospectons nous informent vite sur la nécessité de nous acclimater, c’est à dire, forcer nos organismes à réagir au manque d’oxygène en produisant plus de globules rouges. En altitude, la pression de l’air étant moins importante, l’oxygène se raréfie. Au col de Punta Union, point culminant de notre trek équivalent à l’altitude du Mont Blanc, nous n’aurons plus que 50% de l’oxygène dont nous disposons normalement.

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Pour booster notre production de globules rouges, nous devons effectuer plusieurs randonnées à haute altitude. Nous réalisons nos galops d’essai lors de deux ascensions dans les Cordillères Noire et Blanche. La montée au lac de Wilcacocha (3700 m) présente peu d’intérêt, à part celui de réactiver nos muscles ramollis et de discuter longuement avec notre guide sur la société péruvienne. L’expédition à la Laguna 69 (4600 m) nous permet véritablement de comprendre le sentiment de la carpe qu’on sort de l’eau ainsi que d’expérimenter le cortège de symptômes liés au mal d’altitude (ici, on appelle cela le Soroche). Maux de tête, vertiges, coeur qui bat la chamade après deux pas, nausées… Les 200 derniers mètres conduisant au lac 69 sont une vraie torture. Fort heureusement, le lac ainsi que son environnement sont absolument magnifiques.

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L’expérience me laisse cependant perplexe quant au défi qui nous attend lors de l’ascension des 4750 m de Punta Union. Wait and see.

En attendant le départ du trek, nous nous reposons et profitons de la ville et de son marché pendant deux jours. Ici, les paysannes descendent chaque jour des montagnes pour vendre fruits et légumes à des prix battant toute concurrence (0,25 € le kilo de clémentines…). La plupart des femmes portent le costume traditionnel: accumulation de jupons colorés, gilets aux tons vifs et chapeaux haut de forme avec galon plissé. Le transport des produits et … des enfants en bas âge se fait emballés dans des tissages multicolores qu’elles portent noués sur le dos. Les gens d’ici n’aiment pas être pris en photo. Nicolas réussit quelques clichés en demandant l’autorisation préalable aux vendeuses du marché auxquelles nous venons d’acheter des légumes. Cela nous vaut quelques beaux sourires et quelques rares moments d’échange. Les habitants sont un peu farouches.

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Nous partons enfin pour Santa Cruz avec un groupe de 7 autres personnes:

  • Marianne et Fix, de France
  • Peter, surfeur australien avec au cou une véritable dent de requin (qui coupe comme une lame de rasoir)
  • deux Anglaises qui viennent d’effectuer une étude zoologique de 7 semaines dans un centre de recherche dans la forêt vierge
  • Jirka et Teresa, de République Tchèque. Jirka vient de demander en mariage Teresa sur le Huayna Picchu. La très grande classe!

On accède au début du trek par une piste au cheminement improbable. Cinq heures de tangage au bord du précipice dans une ambiance saturée de poussière. Arrivés au village de Vaqueria, nous commençons lentement notre ascension, et faisons connaissance avec les membres de notre groupe. Les paysages de montagne que nous traversons sont arides et plutôt moroses. Le peu de végétation qui pousse est grise. La pratique de la culture sur brûlis par les paysans du coin ne contribue pas non plus à égayer les versants pelés. Nous établissons le campement à côté d’une rivière. On nous sert crackers et maté de coca dans une tente commune pour attendre le repas. Celui-ci se composera d’une soupe délicieuse et d’un plat de viande et de riz joliment décoré. A presque 4000 m d’altitude, j’ai des complexes en constatant les miracles que peut accomplir le cuisinier capable de mitonner des repas gastronomiques pour 12 personnes seulement équipé d’une cuisinière à gaz portative, de deux casseroles, d’un couteau et d’une planche à découper.

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Avec le coucher du soleil, le froid s’invite, mordant.

Le lendemain, nous manquons de perdre nos doigts dans la gelée blanche du matin. Aujourd’hui, nous devons passer le col de Punta Union. L’ascension dure 4 heures jusqu’à cette cassure dans la crête sommitale qui nous donne accès à l’autre vallée. La déception de la vieille concernant le paysage laisse place à l’émerveillement. Les herbes prennent des teintes dorées. Les sommets de plus de 6000 m se dévoilent. Leurs arêtes acérées se découpent sur fond de ciel bleu. Des petits lacs de montagne ajoutent de la couleur au tableau.

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Les effets de l’altitude se font sentir peu à peu. Le souffle nous manque mais nous parvenons les premiers au col. L’acclimatation, ça marche !!! Nous essayons de nous faire à l’idée que nous sommes presque à la même altitude que le toit de l’Europe. Pas facile ici car les premières traces de neige sont à 5000 m.

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Le spectacle qui s’offre à nous est magnifique. La Cordillère s’étale sous nos yeux. Des glaciers qui se trouvent aux pieds des sommets alimentent des lacs d’un bleu splendide en contrebas.

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Le troisième jour, nous avons faisons face à une vision connue. Amateurs du grand écran, nous vous présentons l’Artesonraju. Vous le reconnaissez? (Cliquez dessus)

Nous parcourons une vallée qui a partiellement été détruite par un cataclysme. Il y a huit mois, un immense morceau de glacier s’est détaché et a emmené avec lui une partie de la montagne. La roche et le sable ont creusé un immense canal et ont complètement recouvert une partie de la vallée verte et boisée. Pendant plusieurs heures, nous marchons dans un désert blanc. Passé un lac qui a fait barrage aux éboulements, nous évoluons dans une vallée couverte de tourbières ou broutent mules, vaches, ânes et chevaux. Nicolas et Fix se font chasseurs d’images. La redescente au village est grandiose.

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Jusqu’au dernier moment le trek de Santa Cruz nous aura comblés de belles images. Nous fêtons dans une ambiance bon enfant la fin de notre trek. De passage par Huaraz, lancez-vous sur le trek de Santa Cruz, vous ne serez pas déçus !

Pérou Santa Cruz 255Retrouvez ici toutes les photos de Huaraz et du trek de Santa Cruz.

 

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