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2.500km nous séparent de Cairns. C’est à peu près la même distance que trois Lille - Marseille.

Nous roulons toute la journée sur ces routes essentiellement empruntées par les Road Trains, les (peu nombreux) locaux et quelques touristes. Nous nous relayons régulièrement car la route est droite et les paysages changent très lentement. Toutes les deux heures, on déjoue ainsi le piège de la somnolence en changeant de conducteur. Quand je passe le volant à Nicolas, j’ai les yeux complètement explosés et l’impression d’avoir été hypnotisée par les pointillés de la bande centrale et le déroulement infini de l’asphalte.

La route du centre peut être en outre dangereuse sous bien des aspects. Il faut toujours être vigilant en raison des kangourous ou du bétail qui peuvent à tout moment traverser la route. On a pilé devant le cadavre d’une vache laissé par un Road Train au milieu de la route.

Les Road Trains et les “Oversize” constituent un autre danger. Les Road Trains sont des camions qui tractent plusieurs remorques (on en a vu jusqu’à 4). Ils réapprovisionnent les régions reculées de l’Australie. La Stuart Highway, qui traverse le pays du Sud au Nord, est leur terrain de prédilection. Notre guide fait des chauffeurs de Road Trains un portrait peu flatteur, ils adopteraient ainsi souvent le comportement de pirates de la route. Nous, on les a trouvés plutôt Fair Play. Afin de ne pas risquer une sortie de route qui serait difficile à récupérer, les Road Trains occupent une partie de la voie en sens inverse quand ils ne sont pas carrément au milieu de la route. Alors évidemment, ça impressionne quand on les voit arriver en face. A ce moment, ils reprennent leur place pour vous laisser passer. Le plus dur, c’est de les dépasser: il faut plusieurs kilomètres de bonne visibilité pour entamer la manoeuvre. On a trouvé les chauffeurs plutôt coopératifs. Un coup de clignotant pour indiquer que la voie et libre et un effort pour se placer le plus possible sur le bas-côté gauche. A nous de jouer, le plus dur étant d’éviter de se prendre le coin de la dernière remorque qui enregistre les mouvements latéraux les plus importants. On vous laisse assister à un dépassement de Road Train.

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Les “Oversize” sont tout simplement les convois exceptionnellement larges. L’Australie étant tout le temps en travaux, ils sont nombreux ces convois, transportant véhicule de travaux, tronçons de pipeline, morceaux d’éoliennes et même des éléments de maison. oversized

Autre précaution à prendre sur cette route: l’essence. Nous croisons des panneaux évocateurs.

Et le peu de maisons qui longent la route annoncent via d’autre panneaux que désolé, ils n’ont pas d’essence pour dépanner les conducteurs oublieux.

Pour tromper la monotonie du trajet, nous nous arrêtons à chaque curiosité touristique annoncée par le guide. De ce point de vue, le site des Devil’s Marble est en effet très curieux. D’un seul coup d’un seul, au milieu du bush, apparaissent des rochers au dessin particulièrement rond. On les appelle, pour cette raison, les billes du diable. Le bush australien: une immense cour de récréation ou des géants auraient oublié de ramasser leurs oeil-de-chat et porcelaines…

On passe aussi notre tropique:

Nous dormons dans des aires de repos situées au bord des routes. Nous sommes seuls ou tellement peu nombreux à nous installer là que les contacts se font immédiatement avec nos compagnons de route. On s’échange des tuyaux, des brochures touristiques des régions que nous traverserons chacun de notre côté le lendemain.

Chaque soir, nous avons droit aux explosions de couleurs des couchers de soleil et ensuite à une magnifique voûte étoilée. Ici, pas de pollution lumineuse. Le village éclairé le plus proche est à 300km.

Il n’y a bien souvent pas d’eau. Il faut faire des réserves. On fait chaque matin une toilette de minet. Parfois, il n’y a même pas de toilettes…

En arrivant vers la côte, le climat change brutalement. Il devient tropical. Il faisait chaud dans le bush; maintenant, il fait chaud et humide. Les mouches ont complètement disparu. On a failli sortir le Champagne.

Les mouches sont remplacées par de voraces moustiques. Le soir, nous passons quelques longues minutes à écraser les petits vampires qui ont réussi à rentrer dans notre tente. On ne vous raconte pas l’état de la toile…

Nous longeons désormais sur des kilomètres des champs de cane à sucre. Dans la région, on produit du sucre et… du rhum ! Il n’y a plus de problèmes d’eau et on trouve même des aires de repos gratuites avec des douches. Sinon, il y a toujours des rivières ou des chutes d’eau propice au rafraichissement.

Nous atteignons Cairns après 4 jours de route. Pourquoi cette ville tropicale du nord de la côte est de l’Australie a-t-elle tant de magnétisme pour nous et des milliers d’autres touristes? C’est le point du continent le plus proche du Great Barrier Reef World Heritage Area, autrement dit la Grande Barrière de Corail.