En nous enfonçant dans l’Outback, nous avons l’impression de toucher à l’Australie authentique. Celle des paysages endémiques de terre rouge et de vieilles montagnes complètement érodées. Celle délaissée par les touristes car il faut rouler longtemps et bien souvent marcher beaucoup.
Nous nous rendons à King’s Canyon depuis Uluru en nous levant aux aurores. Sur la route, nous croisons notre premier dingo, efflanqué, affamé. Il s’approche de la voiture, curieux. Le dingo est une espèce de chien redevenu sauvage après avoir été introduit par les Aborigènes en Australie il y a 15.000 ans. Depuis, il est considéré comme nuisible car il s’attaque aux troupeaux de moutons. Une immense barrière a été dressée au sud de l’Australie pour parquer l’animal dans le centre.
Nous arrivons à King’s Canyon. Cet endroit est aussi considéré comme un site sacré par les Aborigènes. Il recèle d’herbes médicinales. Le canyon retient aussi les eaux de pluie dans des bassins devenus lieux de rituels pour les natifs. Nous nous élevons pour gagner la rive sud du canyon. De là, nous bénéficions d’une splendide vue sur le fond du canyon et sur les parois abruptes de la rive nord.
Nous descendons ensuite dans une gorge secondaire. Le Garden of Eden abrite les fameuses retenues d’eau sacrées. On y accède par une succession d’escaliers. L’endroit est magique. La végétation luxuriante de la gorge contraste avec l’aridité du plateau de roche rouge situé une trentaine de mètres plus haut.
Par respect pour les croyances aborigènes, il ne faut pas se baigner dans cette baignoire. Mais on a le droit d’y plonger les bras pour se rafraichir. Nicolas se rapproche du bord du bassin. Il fait fuir un grand serpent marron, qui en trois coups de queue se retrouve sur l’autre rive. La baignade est, d’un coup, beaucoup moins tentante.
De King’s Canyon, nous revenons sur la Stuart Highway. En passant devant une station essence, on a le réflexe du bush: s’arrêter systématiquement, même si la jauge affiche un niveau raisonnable. On ne sait jamais quand la prochaine station se présentera. Et comme on est au milieu du bush, il y a pour nous accueillir devant la réception, une bête assez inattendue. Imaginez la même chose à une station de la région parisienne.
Des Allemands rencontrés à Uluru nous ont vivement conseillé de faire un détour par les McDonnell Ranges. Nous avons de la marge dans notre programme et décidons de passer dans cette chaine de montagne située aux portes d’Alice Springs.
Sur la route, nous prenons une piste de sable rouge pour aller constater les dégâts causés par la chute d’une météorite il y a 6.000 ans. En entrant dans l’atmosphère, elle atteignait une vitesse de 40.000 km/h. Elle s’est désagrégée en plusieurs morceaux. Le plus gros qui pesait 44kg a creusé un trou de 180m. Les équipes de scientifiques viennent régulièrement sur les lieu pour faire des analyses des sols.
Nous passons notre première journée à Alice Springs où nous découvrons la base du Royal Flying Doctors Services. Nous y consacrons un article à part.
Nous débarquons dans un camping tenu par un sympathique bushman. Le début de la cinquantaine, grand, mince, de beaux yeux verts et une longue barbe hirsute. Il porte une chemise et un short beige qui n’ont pas vu une machine à laver depuis des lustres. A ce détail près, les bushmen ressemblent pas mal à des ZZ Top. Notre homme nous donne des informations sur les choses à voir dans les environs. Très sympa.
Comme il nous l’a conseillé, nous filons vers un lieu nommé Simpson Gap. Une brèche dans la chaine de montagne. Un trou d’eau s’est formé, qui attire toute une faune variée. Le lieu est connu pour la présence de black footed rock wallabies. Des kangourous miniatures qui vivent dans les rochers. Après quelques minutes d’observation, on les voit sortir de leur cachette. Le mâle dominant reste en hauteur…pour nous dominer. Après on ne sait pas si c’est l’objectif de Nicolas ou la présence de nombreuses femelles, mais apparemment, quelque chose lui fait beaucoup d’effet…
Le lendemain, nous suivons la chaine de montagne des West McDonnell. Nous effectuons 200 km…juste pour aller à un point de vue intéressant. Ici, on ne compte pas. L’Australie est généreuse en kilomètres.
Nous nous rendons à Ormiston Gorge. Un canyon, une rivière calme aux eaux noircies par les végétaux en décomposition , des parois de roche lessivées par des millions d’années d'érosion pluviale, une végétation endémique qui donne aux paysages des couleurs typiquement australiennes. On est dans le décor de Crocodile Dundee.
On se jette dans la rivière. Il n’y a personne. Nous finissons notre exploration des lieux en prenant un peu de hauteur sur la gorge. De la plateforme aménagée, nous nous apercevons que d’autres personnes profitent aussi du bras de rivière…en tenue d’Adam et Eve. Ormiston Gorge, un vrai petit paradis.
Glen Helen Gorge, Serpentine Gap, Ellery Big Hole. C’est toujours le même principe, mais c’est toujours aussi beau. Une faille dans la chaine montagneuse. Un trou d’eau. Des arbres et des arbustes plus verts qu’ailleurs qui contrastent avec le rouge de la roche.
A Ellery Big Hole, on assiste au coucher de soleil sur la parois.
Je vois Nicolas s’approcher de l’eau pour prendre des photos. Il fait brusquement un bond en arrière. Un joli serpent tout entortillé autour des hautes herbes de ce bord de mare. Il est beige avec des taches marron. Un beau petit python, nous confirmera le lendemain notre bushman préféré en voyant notre cliché.
Nous repartons le lendemain pour entamer notre remontée de plusieurs jours vers Cairns à travers l’outback. Nous quittons les McDonnell Ranges en ayant le sentiment d’avoir eu un contact, ne serait-ce que très court, avec l’Australie intime.
Retrouvez ici toutes les photos de King's Canyon et des McDonnell Ranges.
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