Après les enfants du marais et les dents de la mer, voici les dents du marais:

Argentine Ibera 081   Argentine Ibera A 221

 

De San Ignacio, nous organisons un transfert vers la réserve naturelle d’Ibera. Afin de diminuer les coûts, nous partageons un 4x4 (indispensable pour passer par les pistes de la région) avec Marie et Albrecht, un couple franco-allemand en lune de miel pour dix semaines en Argentine.

 

La route rouge de latérite s‘annonce prometteuse. De la voiture, nous apercevons aigrettes, vautours, aigles et hérons. Nous nous arrêtons même un instant à coté d‘un yacara, une espèce de caïman endémique de la région.

Argentine Ibera 022

Après plusieurs heures de piste et quelques gués, nous arrivons à Colonia Carlos Pellegrini, un village de 800 âmes perdu dans les marais. Le plan du village est en damier. C’est là le seul point commun avec une ville. Parce que pour le reste, il n’y a rien de plus éloigné d’une zone urbanisée que cette colonie. Très larges rues ensablées, chevaux, ânes et vaches en liberté, villageois qui se déplacent à cheval ou à vélo. Sérénité. Ici, il y a de l’espace. Les maisons possèdent des terrains immenses. De minuscules épiceries permettent de s’alimenter. Quand vous demandez à la vendeuse si elle vend de la salade, elle va directement la ramasser dans son potager.

Argentine Ibera A 179

La commune vit des quelques touristes argentins et parfois étrangers qui viennent ici pour découvrir les trésors de la réserve naturelle d’Ibera.

La réserve d’Ibera - le nom signifie “eaux brillantes" en guarani - est un ensemble d’une soixantaine de lacs d’eau douce alimentés par le fleuve Paranal. Elle représente avec ses 13 000 km2 la plus grande réserve d’eau douce du continent sud-américain. Les lacs sont partiellement recouverts de masses végétales flottantes qui constituent des abris pour une faune aussi diverse qu’exotique. Plusieurs dizaines d’espèces d‘oiseaux cohabitent avec des yacaras (voir ci-dessus), des carpinchos (un genre de ragondin croisé avec une vache), des loutres, des pirañas, des cervidés, renards, singes et même quelques jolis félins. Des moustiques bien féroces aussi.

Argentine Ibera 123

On peut approcher au plus près les animaux en effectuant une excursion de quelques heures en bateau avec guide. Ce dernier vous emmène dans le repère des yacaras qui se font dorer la pilule au pied des roseaux au petit matin. Quand il fait trop chaud, ils ouvrent grand leurs gueules, découvrant un très beau dentier. Le monsieur qui laissait pendre son bras en dehors du bateau le replie rapidement. Les yacaras ne sont pas agressifs. Ils se nourrissent essentiellement de pirañas. Mais on n’est jamais trop prudent : on estime à 250 le nombre de personnes qui meurent chaque année, pour avoir cru pouvoir faire, sans problème, gouzi-gouzi avec un crocodile.

Argentine Ibera A 090

Il est aussi possible de réaliser quelques randonnées sur des sentiers balisés. Des cabanes en bois surélevées permettent de se camoufler et d‘observer les animaux sans être vus. Les paysages de marais sont magnifiques. Pendant notre séjour, nous apercevrons des singes (impossible à photographier tant ils sont rapides), une biche et un cerf d’eau, des tas de carpinchos très placides, un renard, des sangliers et .. celle qui, à elle seule a valu le déplacement jusqu‘ici: la gata montes, espèce endémique.

Argentine Ibera 104

Un felidea de la taille d’un grand chat, la fourrure d’un guépard et le ronronnement d‘un tigre. On a cru à une blague en la voyant sommeillant à l’entrée du sentier touristique. J’ai même fait le guet pendant que Nicolas prenait les premières photos, de peur que ce ne soit que le petit d‘une bête bien plus grande qui pourrait surgir à tout moment d’un buisson pour protéger son rejeton. Après quelques minutes, la petite bête s’est levé pour venir se frotter sur nos jambes (vidéo):

{videobox}81830799{/videobox}

Une bête très sauvage qui s’est habituée à la présence de l‘homme.

Argentine Ibera 111

Le parc est malheureusement menacé par les rejets polluants des agriculteurs et éleveurs en amont du fleuve. Par ailleurs, les gauchos ont abattu la plupart des gros félins qui représentaient une menace pour leurs troupeaux. Le jaguar qui peuplait ces lieux et permettait d’équilibrer la population de yacaras et de cervidés a quasiment disparu. Allez vite à Ibera si vous passez entre Iguazu et Buenos Aires avant que la réserve et ses habitants ne disparaissent complètement.

Argentine Ibera 136

Retrouvez ici toutes les photos de la Réserve d'Ibera.

Comments powered by CComment