Voici la chronique gastronomique du pays des gauchos et du tango. Tenez-le vous pour dit: l’Argentine, c’est l’enfer pour celles et ceux qui font attention à leur ligne et le cauchemar des végétariens. Pourquoi ? Parce que les plats sont bons, copieux et essentiellement à base de viande. Tout le contraire de l’Angleterre, pays qui curieusement enregistre un nombre impressionnant de végétariens. On laissera ces tristes sires (prononcer “Sir”) à leurs branches de céleris crues et leurs choux de Bruxelles. Parce qu’en Argentine, manger est un acte social et sacré: on partage le repas avec sa famille et ses amis. On se regroupe autour d’un asado bien garni avec quelques bonnes bouteilles de vin pour débattre des résultats du foot, on entame la conversation devant un maté bien chaud, on distribue des empanadas sorties du four à ses potes et on se réjouit de la gourmandise des enfants pour un gâteau au Dulce de leche.
La viande:
La viande de boeuf est assurément le plat national. L’Argentine produit une des meilleures viandes bovines du monde. Celle-ci est issue de l’élevage extensif sur les milliers de kilomètres carrés de la pampa. A perte de vue, des troupeaux de vaches noires qui paissent docilement, ignorant encore leur sort d’entrecôte, de filet, ou de tripes. Les Argentins la mange la plupart du temps grillée au feu de bois: c’est l’asado.
Il y a d’ailleurs des barbecues absolument partout dans le pays, du nord au sud, d’est en ouest, dans tous les jardins, dans tous les campings et même sur les aires d’autoroute. Fête de famille, fête nationale, Noel, Nouvel An… on ne rate pas une occasion d’allumer le feu. Alors, mythe ou réalité: nous, on a goûté…moultes fois même et effectivement, on a rarement eu dans nos assiettes une viande plus goûteuse et plus tendre. Pour preuve, le serveur du restaurant de Salta a découpé notre filet … avec une cuillère à soupe.
Certains Argentins mangent du steak tous les jours. Mais comment font-ils pour se payer de la viande quotidiennement ? Oubliez vos références européennes, car en plus d’être excellente, la viande de boeuf est très abordable: 5€ le kg…
Et il n’y a pas que du boeuf. On élève aussi du mouton en Patagonie, ainsi que des porcs, des poulets dans le reste du pays… Le tout est regroupé dans un plat constituant le combo gagnant: la parilla. Un assortiment monstrueux de viandes grillées, servi en table avec son chauffe-plat personnel. La montagne de viande comprend côtelettes, rognons, boudins, échine, tripes… Rien qu’en regardant la photo, on se sent serré dans le jean. Ca a été notre repas de Noel. Et on a nettoyé le plateaux à trois. On était juste très contents que Michelle, la mère de Nicolas, ait apporté du citrate de bétaine dans ses valises.
En accompagnement, frites, pomme de terre sous toutes ses formes et deux feuilles de salade (pour la déco).
Le vin rouge:
Oui, parce qu’il n’y a rien de mieux pour accompagner la viande. Le vin est produit dans la région de Mendoza, San Juan et celle de Cafayate. Il est bien charpenté, excellent et…il ne faut pas en boire beaucoup pour être pompette. Il est aussi très abordable: on peut trouver de très bonnes bouteilles à partir de 3,5€. Nous avons particulièrement apprécié l’Elementos (Malbec 2012) et le San Felipe.
Les empanadas:
Une spécialité dont nous avons fait la connaissance dans les Andes, mais qui obtient ses lettres de noblesse en Argentine. Il s’agit d’un chausson de pâte brisée garni avec de la viande de poulet épicée, de boeuf, ou de jambon et de fromage. Les empanadas sont soit frites soit cuites au four. Nous avons nettement préféré cette dernière version. Bien souvent, il faut d’ailleurs attendre un peu dans la boutique car les empanadas sont préparées sur commande et servies à la sortie du four. A manger bien chaud sur le pouce… en attendant l’asado.
Le Dulce de leche:
Littéralement douceur de lait, c’est LE dessert national. On retrouve ce caramel presque liquide (l’équivalent du salidou en France) au petit-déjeuner comme pâte à tartiner, sous forme de glace, et dans pratiquement toute la pâtisserie argentine. Ca a un gout d’enfance, c’est régressif et véritablement addictif. Et devinez quoi… le Dulce de leche s’accroche particulièrement bien aux hanches.
Le Yerba maté:
C’est une religion en Argentine. Il s’agit d’une tisane dont les feuilles poussent sur un arbre des régions tropicales. Le maté a des vertus diététiques (pour compenser le menu argentin décrit ci-dessus) et permet de rester éveillé. Les Argentins en boivent à longueur de journée et en tout lieu. Sur leur lieu de travail, dans les musées, dans les transports en commun, dans la rue, en famille, entre amis. On reconnait les buveurs de maté à leur Thermos et leur tasse.
Le maté se boit traditionnellement dans une calebasse (une courge évidée, séchée et teinte), dont on a serti l’ouverture avec une bande métallique. Avec le temps, le design des calebasses a évolué: on en trouve en métal, sculptées dans du bois, en céramique, ou comble du kitch, creusé dans un sabot de vache…
On bourre littéralement la calebasse de maté, on sucre et on verse de l’eau bouillante. De grandes bornes distributrices postées dans les espaces publics permettent de ne jamais être à court d’eau chaude: bord de plage, gares routières… jamais sans mon maté.
On aspire ensuite le liquide avec une bombilla, une sorte de paille métallique terminée par une cuillère percée qui est censée filtrer. Dans les faits, on a bien souvent à boire et à manger dans les premières gorgées…
Nous nous sommes bien évidemment équipés :-)
Bref, nous avons (bien trop) fait honneur à la cuisine: depuis l’Argentine, on se sent un peu boudinés dans nos pantalons de rando.
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