[On vient de s'apercevoir qu'on avait oublié de publier cet article, pourtant prêt à l'envoi depuis un bon mois et demi...]

Pour gagner Sydney depuis Buenos Aires, nous faisons escale à Houston et San Francisco. Cette aberration kilométrique est due aux règles compliquées qui régissent notre billet Tour du Monde acheté chez StarAlliance. Les compagnies partenaires du groupement manquent, apparemment, en Amérique du Sud et nous sommes obligés de remonter très au nord pour repiquer très au sud. En tout, le trajet Buenos Aires - Sydney dure 33 heures sans compter les temps d’escale. Nous avons donc décidé de faire une pause à San Francisco.USA San Francisco A 032

Nous embarquons à Buenos Aires non sans nous être renseignés sur les formalités de traversée de frontière. Nous apprenons que l’immigration et le passage en douane auront lieu à Houston et que le départ de notre avion pour San Francisco s’effectue dans un autre terminal que celui où nous arrivons de Buenos Aires… et nous avons seulement 1h30 pour faire le tout. Ca va être tendu. Le personnel canonique de la United Airline (sérieusement, il doivent effectuer leur recrutement en maison de retraite) essaye de nous rassurer. Tout est prévu pour. Seulement voilà, entre le retard du premier avion, les problèmes d’informatique des bureaux de l’immigration et l’éloignement du second terminal, c’est in extremis que nous attrapons notre vol. L’hôtesse était en train de faire résonner nos noms dans l’aéroport Georges Bush de Houston pour le dernier appel. C’était déjà juste pour nous, pour nos bagages c’est carrément mission impossible. A San Francisco le sac de Nicolas manque à l’appel. Il viendra avec le vol suivant qui arrive une heure après…

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C’est en gagnant notre hôtel du centre ville avec nos 25kg sur le dos que nous faisons pour la première fois l’expérience des rues de San Francisco. Ca tire dans les mollets. Du 15 à 20% de pente. Les conducteurs qui se garent dans la rue ont pour obligation de tourner les roues côté trottoir sous peine de se voir infliger une amende très salée. Imaginez-vous un frein qui lâche et votre voiture qui dévale les rues en emportant tout sur son passage. On n’ose même pas penser au carnage lorsqu’il gèle ou qu’il neige (ce qui arrive heureusement rarement en ces lieux). On vous laisse apprécier la pente sur cette photo où nous avons déplacé la ligne d’horizon.

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San Francisco, c’est le seul endroit de notre voyage pour lequel nous n’avons pas acheté de guide. Nous profitons de cette première demi-journée pour glaner des informations au bureau d’informations touristiques, faire un tour dans le China Town de la ville et pour digérer le jet-lag de 5 heures.

Le lendemain, nous nous rendons en bus au pied du Golden Gate, le symbole de la ville. Ce pont a été construit de 1933 à 1936 pour rejoindre les deux côtés de la baie de San Francisco. Il est splendide au soleil ou jouant avec les nuages qui couvrent souvent le haut de ses piles.

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Sa structure flexible a été conçue pour pouvoir résister aux vrillages provoquées par le vent, la tension causée par le poids des voitures et camions et les contorsions engendrées par les séismes. Ces derniers sont la bête noire de la ville. Située sur la même faille que Los Angeles, San Francisco attend sans impatience “The Big One”. Une maquette permet de recréer les différents mouvements qui peuvent affecter le pont. Tel un Dieu malveillant, nous affligeons des secousses du diable à la pauvre maquette.

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Jouxtant le pont, une boutique de souvenirs permet d’acheter des magnets, casquettes, presse-livre, T-shirt à l’effigie du pont. On trouve même de gros crayons de couleur à la teinte exacte du pont. Parce que c’est sa couleur unique qui fait aussi sa célébrité: entre rouge et orange, il contraste joliment avec le bleu du ciel et de la mer. Nous apprendrons quelques jours plus tard que le pont de Sydney, autre célébrité notoire, a été peint en gris par défaut: c’était la seule couleur de peinture disponible dans la quantité requise (soit 80.000 litres). Triste, non?

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Après une courte marche jusqu’au premier pilier pour prendre des photos souvenirs et éprouver la structure, nous prenons, à pied, la direction de la ville pour gagner les anciens docks. Une promenade a été aménagée le long de la baie: joggers, cycliste et dogs walkers s’en donnent à coeur joie.

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Nous passons devant la marina où hivernent yachts et barcasses plus modestes. Nous atteignons Fishermen Wharf, les anciens docks qui ont été reconvertis en quartier touristico-chicos. Boutiques de souvenirs voisinent avec restaurants de fruits de mer, épiceries fines et boulangeries branchées. C’est un plaisir de se balader dans le coin, la narine frémissante aux odeurs de pain frais et de poissons grillés. Le soleil qui s’est levé beigne le tout d’une douce lumière. Des gargotes vendent de très appétissants sandwichs au crabe, des assortiments de produits de la mer (moules, calamars, crevettes, araignées…) servis dans des petites barquettes et la spécialité du coin, de la soupe de palourde directement versée dans le creux d’une miche de pain. Pas besoin de saucer, vous pouvez manger la soupe et la soupière !

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Une gargote prévient les naïfs que, si ils se font emporter leur casse-croûte par une mouette affamée, non, la maison ne remplacera ni ne remboursera la perte.

Au niveau du quai 39, une colonie de lions de mer s’est définitivement installée dans l’enceinte du port. A l’origine posée sur les digues, la colonie s’est déplacée sur des plateformes en bois que la municipalité de San Francisco a installées à cet effet. En arrivant sur le ponton qui surplombe les plateformes à lions de mer, on est d’abord assailli par l’odeur: un mélange de cuir rance et d’algues en décomposition. Nous effectuons un recensement rapide: on évalue à 1200 le nombre de bêtes.

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Il y a des gros mâles bagarreurs, des pachas qui se prélassent au milieu de leur harem, des femelles qui dorment serrées comme harengs en caque, des individus qui batifolent dans l’eau et des petits qui tentent de ne pas se faire écraser. En effet, c’est un peu la crise du logement par ici. Les plateformes sont bien petites et certaines débordent des corps gras des bêtes affalées. Certaines sont carrément empilées. Dans ces conditions, toute tentative pour un nouveau venu de monter sur la plateforme se solde inévitablement par des piétinements sauvages et des protestations de la part des résidents. L’occasion de quelques coups de gueule, au sens propre du terme.

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A force de regarder ses grosses feignasses roupiller, on aurait presque envie de dormir.

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On se promène ensuite dans le village aux airs de Disneyland construit sur les anciens quais. On y trouve des cafés, des boutiques qui vendent du savon en granules colorés et … une boutique pour gauchers: paire de ciseaux, cahiers, stylos… et même une tasse exclusivement pour gaucher que si tu prends l’anse de la main droite, tu te répands obligatoirement le contenu de la tasse sur le T-shirt. Revanchards, les gauchers !

Nous remontons les collines du centre-ville en prenant l’historique Cable Car. Les vieux wagons en bois tractés par un câble sont désormais exclusivement utilisés par les touristes et quelques vieilles dames nostalgiques.

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Les rames craquantes nous déposent au centre où nous nous accordons, chacun de notre côté, une heure et demie de shopping. Victoria’s Secret et Discount Camera: on vous laisse deviner la nature de nos achats respectifs.

Le lendemain, nous nous rendons sur la côte Pacifique. Peu d’activité de ce côté. L’océan déroule ses rouleaux dans l’indifférence générale. Seuls quelques promeneurs profitent des embruns. Nous pique-niquons en gardant un oeil sur les mouettes et les corbeaux qui se regroupent non loin de nous. Ici, tout est calme. San Francisco est tourné vers sa baie mais absolument pas vers l’océan. Nous revenons vers la ville en empruntant les allées du Golden Gate Park. On y trouve des moulins au milieu de parterres de fleurs. On se croirait en Hollande.

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Des golfeurs cherchent leurs balles perdues dans la brume qui commence à se lever. Le jardin japonais prend des airs mystérieux au milieu du brouillard qui s’épaissit.

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Nous regagnons le centre-ville pour récupérer nos affaires et nous rendons à l’aéroport pour prendre notre vol pour Sydney.

Cette année, nous aurons connu seulement deux jours d’hiver…

Retrouvez ici toutes les photos de San Francisco.

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