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Tout au sud du Laos, juste avant la frontière cambodgienne, le fleuve Mékong s’élargit et laisse apparaitre une myriade d’iles. On appelle cet endroit la région des 4000 iles. Le fleuve qui était jusque là plutôt tranquille devient tumultueux. Des décrochements géologiques ont créé des chutes d’eau qui rendent la navigation impossible sur plusieurs kilomètres.

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C’est la raison pour laquelle une ligne de chemin de fer d’une quinzaine de km avec un pont reliant l’ile voisine de Don Khone fut créé pour faire passer les marchandises par voie terrestre avant de les rembarquer après les chutes d’eau. Ca, c’était à l’époque du protectorat français. Les installations ont été abandonnées depuis, laissant ces iles à leurs habitants (Hommes, chats et buffles d’eau) et à une espèce apparue récemment dans ces contrées: le backpacker.

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Nous arrivons sur l’ile de Don Det après quelques heures de minivan depuis Paksé. Le Mékong donne toujours l’impression d’être calme… sauf quand on est dessus. Même plein gaz on sent que l’embarcation motorisée qui nous fait traverser le fleuve est emportée par le courant.

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Nous débarquons sur une petite plage ou un groupe de nymphettes venues de la perfide albion s’adonnent à leur sport préféré en (toute) petite tenue: le crâmage de peau… en dépit des consignes affichées partout pour respecter la population laotienne aux moeurs assez pudiques.

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L’ile de Don Det connait depuis 5–6 ans un engouement de plus en plus grand auprès des routards de tous horizons. L’explosion du tourisme a entrainé une urbanisation fulgurante du nord de l’ile: guesthouses, restaurants et bars bruyants ont envahi la place. Tout est fait pour accueillir les backpackers en recherche d’alcool et de de shit pas chers. Nous avons de la chance: nous arrivons hors saison. Les bars sont vides, l’ile est tranquille. Du coup, ici plus qu’ailleurs, nous sentons la douceur de vivre asiatique bercée par la lumière extraordinaire de cette région du Mékong. C’est certainement ici que nous ferons les plus belles photos de coucher de soleil de tout notre voyage dans le sud-est asiatique.

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C’est dégoulinants que nous arrivons à la guesthouse tenue par Lutz, un Allemand installé avec sa femme laotienne depuis une dizaine d’années. Très loin du centre touristique de Don Det, il propose des bungalows sur pilotis avec hamacs posés devant le Mékong et une délicieuse cuisine. On sent bien qu’on pourrait se poser là pendant des lustres pour ne rien faire d’autre que…ne rien faire, justement. Bonjour, paresse.

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Pour autant, nous pensons que l’ile mérite d’être explorée. Nous nous extirpons difficilement de nos hamacs et louons des vélos pour visiter l’ile de Don Det et sa voisine Don Khone, reliée par le fameux pont sur laquelle passait la voie de chemin de fer française.

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Chutes d’eau, jungle épaisse et multiples arrêts pour câliner des chats sympathiques...

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(et, pour mon plus grand bonheur, très nombreux) constitue l’essentiel de notre programme.

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Le soir, alors que je suis accroupie en train d’asticoter un énième minet, j’entends une voix masculine dans mon dos: “Ile de Pâques ?”. Le pauvre gars, complètement paumé… il n’est même pas sur le bon continent. En fait, c’est Rémi, que nous avions rencontré à Tad Lo chez Loic et avec qui nous nous étions longuement entretenus de Rapa Nui. Il voyage avec Théo et Fabien. Nous nous donnons rendez-vous pour assister au coucher de soleil ensemble et pour une descente du Mékong en canoë-kayak.

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La journée kayaking se révèle très joyeuse et… humide. Nous sommes abondamment arrosés par la mousson (la saison des pluies arrive lentement dans la région) et par les batailles d’eau que nous provoquons pour la plupart. En vérité, ces attaques mouillées s’avèrent salvatrices par 39°c. Surtout que, malgré le débit abondant du fleuve, l’eau du Mékong est chaude. Elle suffit à peine à nous rafraichir.

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Nous pagayons donc au milieu de ce fleuve mythique qui fait vivre plus de 250 millions de personnes. Nous devons parfois nous frayer un passage entre des ilots de végétation qui créent un front sur le fleuve. Nous passons par des rapides, manquons de chavirer complètement dans un virage un peu trop prononcé. Nous échouons dans une position délicate, le bateau planté dans une touffe végétale. Au passage, nous entrainons un autre canoë et ses trois occupants dans notre naufrage. On est pirate ou on l’est pas… Nous observons aussi les nombreux pêcheurs au filet. Très photo-pittoresque.

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Peu avant les chutes infranchissables, nous débarquons. L’agence fait suivre les bateaux par camion jusqu’à une plage ou l’on peut de nouveau embarquer.

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Juste avant la frontière cambodgienne, nous faisons halte sur un gros récif au milieu du fleuve pour observer les dauphins du Mékong. Il en reste une quarantaine: cette espèce est en voie d’extinction. On les aperçoit au loin, seuls ou en famille, faire surface pour prendre leur respiration. Il parait que, pour mieux les voir, il faut accoster sur les berges cambodgiennes. Même sans visa cambodgien, c’est possible: il suffit d’arroser les garde-frontière (on ne parle plus d’eau, vous m’aurez comprise). Les dauphins du Mékong, tout un business !

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Nous terminons notre journée kayak sur la plage de Don Det, une bière (et un appareil photo) à la main devant le coucher de soleil.

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Puis, nous allons dans un bar où sont servis des cocktails. “Make it happy !” nous encourage un slogan sur le menu. Traduction: laisse-nous mettre quelques herbes magiques dans ton breuvage. Mêmes exhortations avec le brownie au chocolat (Théo est fan) et les pizzas. Ca remplace les herbes de Provence par ici. Fabien nous dit avoir essayé le “happy shake” la veille…il a vomi tout son quatre heure…

Ce soir, Fabien me raconte une histoire extraordinaire: celle de la quête de ses origines. Fabien est un quart vietnamien. L’histoire se passe à quelques encablures au nord de Dalat, au Vietnam, peu après la décolonisation. Le grand-père de Fabien, un Français qui dirigeait une plantation, est assassiné alors qu’il rapportait la paye des employés au domaine. Se sentant menacée, la grand-mère de Fabien part précipitamment avec ses enfants (la maman de Fabien, entre autres) se mettre en sécurité en France. Ils ne reviendront jamais plus au Vietnam. Personne ne sait ce qu’il est advenu du corps du grand-père. Les liens avec la famille restée sur place ont disparu. Fabien a fait la promesse à sa grand-mère de retrouver l’endroit où avait été enterré son grand-père. En 2013, Fabien profite de ses vacances pour partir au Vietnam avec une photo, une maitrise moyenne du vietnamien et le nom de sa grand-mère (ce qui ne se révèle pas d’une grande aide car elle s’appelle N’Guyen comme quasiment tous les Vietnamiens…). Malgré la maigreur de ses pistes, il parvient en une semaine et avec l’aide des petits vieux du coin (qui l’on courageusement accompagné en moto sur les pistes dans les villages les plus reculés) à reconstituer le parcours de son grand-père. Il retrouve finalement l’urne funéraire de son grand-père (et même arrière-grand-père) dans un monastère. Surtout, il fait connaissance avec les membres de la familles de sa grand-mère.

Une superbe épopée dont le récit vous donne la chair de poule et fait venir les larmes aux yeux. Merci Fabien pour ce magnifique récit !

Don Det, une ile attachante autant par son cadre que par les rencontres que nous y avons faites.

Nous quittons Don Det mais retrouverons nos trois amis jamais à court de choses intéressantes à raconter à Siem Reap, les portes des temples d’Angkor.

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Retrouvez ici toutes les photos de Don Det.

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