Une des plus belles routes au Monde selon le Lonely Planet. 250km d’asphalte avec panoramas sur les falaises de calcaire déchiquetées entre Torquay (un peu au sud-ouest de Melbourne) et Warrnambool.

Australie Great Ocean Road A 174

Cette route est en fait un mémorial pour les soldats australiens morts lors de la première guerre mondiale. Elle a été construite à partir de 1918 par 3000 soldats revenus (vivants, eux !) des champs de batailles européens. Cette route a permis de désenclaver des régions qui n’étaient accessibles autrefois que par la mer. Et vu le dessin de la côte, on peut même ajouter que l’accès par la mer était très dangereux. La région est d’ailleurs connue pour les nombreux naufrages qui y eurent lieu et les restes d’épaves que l’on peut trouver sur les plages après les tempêtes.

Australie Great Ocean Road A 065

La construction de la route fut difficile: tout était fait à la main et les travaux n‘avançaient en moyenne que de 3 km par mois. Quelques soldats périrent d’ailleurs sur les sections où la falaise est particulièrement abrupte. Pour compenser les dures conditions de travail, les travailleurs avaient accès à des magazines, des grammophones, un piano installés dans le camp, un luxe pour l’époque ! La construction s’acheva en 1932. Une anecdote raconte que les travaux furent interrompus en 1924 en raison du naufrage du Casino, un bateau à vapeur accroché par un récif, l’obligeant à jeter à la mer 500 barils de bière et 120 caisses de spiritueux. Les soldats récupérèrent la marchandise et lui firent honneur… il leur fallu quinze jours pour pouvoir reprendre la construction de la Great Ocean Road.

Australie Great Ocean Road A 094

Aujourd’hui la route reste un axe important pour la circulation dans le sud de l’Australie et elle attire de très nombreux touristes.

Nous entamons la route d’abord plate et très verte sur les premiers dizaines de kilomètres. Des plages très courues des surfeurs s’enchainent sur cette partie de la côte réputée pour ses “breaks”, ces fonds marins propices à la formation de vagues surfables. On croise quelques phares photogéniques qui permettent aux bateaux de savoir où ils se trouvent: souvent entre récifs affleurants et courants dangereux.

Australie Great Ocean Road 300

Peu à peu, nous nous élevons. La côte devient calcaire et nous apercevons les premières falaises. Afin de mieux profiter du spectacle, nous décidons de rester deux jours sur place. Le cap Otway, un parc national situé dans une avancée sur la mer de plusieurs dizaines de kilomètres, est l’endroit parfait pour une halte.

En chemin pour le camping, nous longeons des champs envahis par des dizaines de kangourous. Nos premiers spécimens sauvages !

Lorsque nous roulons, nous les voyons courir parallèlement à la route. Quand ils sautent, ils donnent l’impression de ne pas toucher terre.

Australie Great Ocean Road 332

C’est impressionnant ! Pour accélérer, une détente suffit et hop, il nous ont déjà semés. Finalement la curiosité l’emporte sur la peur et les kangourous se laissent un peu approcher pour une courte séance photo.

Australie Great Ocean Road 341

Peut-être sont-ils rassurés par la présence d’un mâle dominant. On le voit arriver au milieu du troupeau, une masse de muscle avec des pattes arrières et une queue immenses. Une vraie brute ! On ne voudrait pas avoir à faire à lui.

Australie Great Ocean Road 349

Nous campons sous les eucalyptus, au milieu des familles australiennes venues profiter du week-end de 3 jours car le 26 janvier, en Australie, c’est fête nat’ !

Un magnifique chemin de randonnée a été aménagé parallèlement aux plus belles sections de la Great Ocean Road. La Great Ocean Walk, c’est son nom, chemine au plus près des falaises sur une centaine de kilomètres. Nous empruntons donc, de bon matin, cette superbe sente qui dessert points de vue splendides et petites criques intimes.

Australie Great Ocean Road A 087

La mer présente de superbe nuances de bleus: du saphir au large, au turquoise des vagues qui se fracassent sur la plage, on a là un superbe camaïeu. Le vent venu du large est froid: en face, vers le sud il n’y a rien d’autre que l’Antarctique.

Australie Great Ocean Road A 054

Nous descendons sur une plage où s’activent des pêcheurs et des ramasseurs de crustacés. Nous engageons la conversation avec un pêcheur qui fouille dans un trou d’eau armé d’une pince et de gants. Il ramasse des moules. Il nous explique que le plus gros danger ici, ce sont les pieuvres à anneaux bleus: c’est pas très gros, assez craintif mais un contact avec cette petite bête vous envoie en quelques minutes au cimetière. Le pêcheur nous raconte qu’on n’a absolument pas le temps de faire venir les secours. Le poison est fulgurant. D’où la nécessité de se protéger avec des gants. Il en a déjà vu une fois dans le coin. Pour la suite de la promenade, nous ferons (encore plus) attention où nous mettrons les pieds.

Australie Great Ocean Road A 062

Nous longeons sur une vingtaine de kilomètres, la point du cap Otway avant de revenir vers notre camp. Après les kangourous aperçus la veille, nous rencontrons nos premiers koalas au naturel.

Australie Great Ocean Road 404

On pourrait appeler la route Koalas Road tellement on en voit !!! Pas loin d’une vingtaine, en moins de deux jours. On a compté !

Australie Great Ocean Road A 110

Comme le kangourou, le koala est une espèce de marsupial endémique d’Australie. Pour se faire une place au milieu d’une nature hostile, le koala a profité d’une “niche” alimentaire. C’est le seul animal capable de digérer les feuilles extrêmement toxiques de l’eucalyptus. Ce sont elles qui lui prodiguent nourriture et eau (le koala ne boit presque jamais). Le revers de la médaille, c’est que la digestion de ces feuilles empoisonnées lui prend toute son énergie. L’animal dort entre 15 et 18 heures par jour. Et ça n’est pas tout: pour permettre à son métabolisme de lutter contre les toxines, le koala a dû sacrifier son cerveau, grand consommateur d’énergie (chez l’humain, le cerveau représente 2% du poids du corps et consomme 20% d’énergie). Ainsi le koala est le seul animal dont le cerveau ne remplit pas la boite crânienne. Le cerveau de la bête ne serait pas plus grand qu’une grosse noix. D’ailleurs on voit bien que ça n’est pas l’espèce la plus intelligente du règne animal. Quand ils daignent ouvrir leurs yeux, on aperçoit leur regard vide et avec les dents qui dépassent, on dirait carrément l’idiot du village.

Australie Great Ocean Road 317

Cependant, on les aime bien avec leur air tout doux et leurs grandes oreilles blanches. On les repère formant des boules au milieu des arbres, aux endroit où les branches forment des fourches. Impeccable pour se caler pour un roupillon de plusieurs heures. Leur fourrure est plus épaisse au niveau des fesses pour plus de confort. Ils dorment dans des positions parfois cocasses.

Australie Great Ocean Road 327

Et au réveil, ils s’étirent dans des séances de stretching bien poilantes.

Australie Great Ocean Road 428 

 

Australie Great Ocean Road 434

On a même la chance de voir une fois une petite boule à côté d’une grosse boule sur une branche: une maman et son petit.

Australie Great Ocean Road 425 

Nous laissons les koalas à leurs siestes sans fin pour continuer notre route. La Great Ocean Road nous réserve encore de très belles surprises. Le clou du spectacle, ce sont les formations appelées “Douze Apôtres“: des aiguilles de calcaire séparées de la falaise par l’érosion.

Australie Great Ocean Road 464

Il y en existe en réalité huit positionnées en enfilade. On se croirait à Etretat. Le site est extrêmement photogénique.

Australie Great Ocean Road 476

Les apôtres sont en sursis. Constamment érodés par la mer, ils s’effondrent peu à peu (le dernier a sombré dans la mer en 2005!). Le paysage est éphémère.

Australie Great Ocean Road A 146

Il existe d’autres formations avec des arches tels que London Arch. Autrefois baptisée London Bridge. L’édifice formait alors un pont naturel à double arche. L’arche qui reliait la formation à la falaise s’est effondrée en 1990. Deux touristes se trouvèrent bloqués et durent être hélitreuillés !

Australie Great Ocean Road 521

Avant de quitter la Great Ocean Road, nous passons aux gorges du Loch Ard. Un impressionnant canal creusé par l’érosion dans la falaise. Il a été témoin d’un naufrage particulièrement catastrophique en 1878. Le Loch Ard était un voilier qui achevait un voyage de trois mois. Il transportait 52 voyageurs et devait arriver le lendemain à destination. Le capitaine qui connaissait la très mauvaise réputation de la côte et qui était inquiet des mauvaises conditions météorologiques veilla toute la nuit sur le pont du bateau. A 4h00 du matin, dans un brouillard à couper au couteau, il aperçut à quelque mètres la falaise sur laquelle son bateau devait se fracasser. Des courants traitres l’avait insidieusement dérouté. Les flots démontés empêchèrent l’équipage de mettre les canots de sauvetage à l’eau. 50 personnes perdirent la vie. Un mousse et une jeune femme furent poussés par les courants dans la gorge. Le mousse sauva la jeune femme de la noyade. Aujourd’hui, les gorges se terminent en une plage fréquentée par les touristes. En regardant l’embouchure, attaquée par les flots furieux, on a une pensée pour les gens qui se sont débattus.

Australie Great Ocean Road 499

Dans la lumière rasante du soleil couchant, nous ne nous lassons pas d’admirer les beaux rouleaux qui forment de belles volutes avant de se pulvériser sur la plage.

Australie Great Ocean Road 536

Nous avons beaucoup aimé cette côte sauvage. La Great Ocean Road fait partie des immanquables si vous passez par l’Australie.

Retrouvez ici toutes les photos de la Great Ocean Road.

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