Après le Machu Picchu et Aguas Calientes, nous prenons la direction d’Ollantaytambo, dans la Vallée Sacrée. Nous avions prévu d’y rester une journée mais la ville nous plaît beaucoup. Jolies rues pavées, peu de touristes, place centrale très animée (le soir où nous arrivons, il s’y déroule un match amical de volley-ball) et une très bonne cantine pas chère. Nous trouvons une auberge bien située et très agréable tenue par Katty, une jeune femme sympathique et pleine de bonnes initiatives.
Ollantaytambo est l’emplacement d’un site Inca important qui était destiné à surveiller l’accès au Machu Picchu. On y trouve des terrasses, des espaces de stockage pour les récoltes, et des temples dédiés à la Pachamama et au dieu Soleil. Lorsque les conquistadors arrivèrent ici, le site était en construction. D’énormes blocs de pierre à moitié taillés sont restés à l’abandon.
Deux phénomènes forcent particulièrement l’admiration:
1. la débauche d’énergie et d’ingéniosité pour le portage des pierres de plus de 70 tonnes depuis la carrière située sur les pentes de la montagne à 7 km de là. Les Incas faisaient rouler les pierres en bas de la montagne sur des rondins en bois (jusqu’ici tout va bien), puis ils détournaient la rivière Urubamba en comblant alternativement le côté droit puis le côté gauche pour faire traverser les pierres. Comme sur tous les chantiers, il y eu de la casse: les nombreux rochers accidentellement tombés dans la rivière lors de la traversée furent baptisés “pierres fatiguées”. Enfin, les blocs étaient tractés et poussés à l’aide de cordes par des hommes (les Incas ne connaissaient pas les bêtes de somme).
2. la situation du site, face à une montagne sacrée: quand on la regarde, on comprend assez vite pourquoi cette montagne a fait l’objet d’un culte. Sur le côté, elle présente un profil de visage Inca. Pile-poil le jour du solstice d’hiver (en juin, ici), le soleil se lève sur le bout du nez du profil. Pour l’équinoxe de printemps, le soleil se lève juste au sommet de la fameuse montagne en éclairant le temple du Soleil.
La ville d’Ollantaytambo possède un plan et un système d’irrigation inchangés depuis la domination inca. On a d’ailleurs récemment retrouvé des traces de baignoires incas, ce qui laisse penser qu‘Ollantaytambo était une ville thermale. Conséquence pour les habitants de la ville: l’eau est gratuite car l’installation de compteurs endommagerait les conduites.
D’Ollantaytambo, nous accédons au site de Moray. Il s’agit de terrasses creusées dans le sol en forme d’amphithéâtre dans un cirque naturel. Les terrasses sont reliées les unes aux autres par des “escaliers incas”. Vu du haut, on dirait que ces formes concentriques ont été créées par des soucoupes volantes. Les archéologues pensent qu’il s’agissait d’un centre d’expérimentation pour les semences. Les terrasses du haut présentaient un climat plus froid et sec que les terrasses du bas, plus chaudes et plus humides. Les résultats de ces expériences n’ont évidemment pas été retrouvés car il n’y a pas de communication écrite connue chez les Incas à ce jour.
A quelques kilomètres de là, on peut observer un phénomène aussi splendide qu’inattendu. Dans un ravin, au détour d‘un virage, nous découvrons le site des salines de Maras. 4000 bassins exploités par les familles du village voisin.
Du sel dans les Andes ? Les salines de Maras ont la même origine que le désert de sel d’Uyuni en Bolivie. Il y a des millions d’années, lors du soulèvement de la Cordillère des Andes, une partie de l’océan Pacifique fut emprisonnée. L’eau s’est évaporée, le sel est resté. Le spectacle qui s’offre à nous est celui d’une splendide mosaïque scintillante. On passe par toutes les nuances du blanc, jaune, orange et marron selon le stade d’évaporation de l’eau dans les bassins. Des familles travaillent dans les salines. Le sel est ramassé, des tas sont formés qui terminent de sécher au soleil. Le sel est jeté ensuite dans des sacs. Il est utilisé essentiellement pour l’industrie (salaison, tannage…) mais une partie est consommable comme sel de table. Des boutiques proposent de petits sachets souvenirs pour les touristes.
Le lendemain, nous prenons la route de Pisac. Le village est connu pour ses magnifiques terrasses Incas.
On y trouve aussi un temple du soleil et un cimetière de momies (qui n’a malheureusement pas résisté à des siècles de pillage). La femme qui nous guide porte à la manière traditionnelle son bébé de 6 mois dans le dos.
Elle nous explique quelles sont les particularités du site et nous rappelle la signification de la croix andine dont nous retrouvons le symbole un peu partout ici. La Chacana, c’est son nom quechua, illustre la perfection du système de valeurs et des symboliques Incas.
Les quatre côtés représentent les quatre régions de l’empire Inca. Le trou au centre symbolise la ville de Cusco, le nombril du Monde. Les trois marches des 4 côtés sont respectivement les représentations:
- des trois mondes: souterrain, terrestre et céleste
- des trois animaux incas: le condor, le puma, le serpent
- des trois lois: ne vole pas, ne mens pas, ne sois pas paresseux
- des trois valeurs: don d’amour, don du travail, don de sagesse
Nous revenons à Cusco après ce séjour dans la splendide Vallée Sacrée.
Retrouvez ici toutes les photos d'Ollantaytambo et de Pisac, et ici celles de Moray et des Salines de Maras.
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