Nous nous rendons en famille à Puerto Natales. Pour ce faire, nous passons la frontière chilienne. Entre les tampons de sortie et d’entrée de territoire, nos passeports commencent à prendre de la bouteille. Rémi qui avec sa barbe blanche ressemble passablement au Père Noel et qui, en plus, aime porter des vestes rouges, se fait gentiment charrier par les douaniers argentins. Dans le poste-frontière malmené par les vents furieux, les douaniers ont installé un sapin de Noel. De bonnes âmes ont laissé des bouteilles de Pisco Sour et des paquets de gâteaux au pied de l’arbre. Nos douaniers ont sans doute pensé que le Père Noël avait bien baissé: nous sommes partis sans rien laisser.
Préparation
A Puerto Natales nous arrivons au point le plus austral de tout notre voyage. Nous y avons booké une chambre dans l’auberge El Sentero, tenue par Juan. Ce dernier nous réserve un excellent accueil dans sa chaleureuse maison: un grand chalet en bois avec un poêle qui réchauffe de la pluie et du vent patagon. Et ça tombe bien, car aujourd’hui, le temps est à la hauteur de sa réputation.
Juan est aussi loueur de matériel de randonnée. Du coup, dans son auberge, il y a de grands espaces qui permettent d’étaler le contenu de son sac, en faire l’inventaire et prendre le strict nécessaire pour le trek. Une grande carte du parc des Torres del Paine avec les temps de marche, les refuges et les moyens de transport pour joindre les départs de rando nous permet de faire le point sur notre programme et nos besoins en pesos chiliens. Juan et son amie française en visite nous donnent plein d’informations utiles.
Juan a même réussi à voir ce dont nous rêvons depuis le début de notre voyage: un puma. Nous sommes pourtant allés dans les bonnes régions: parcs américains, Cordillère péruvienne et bolivienne, Nord de l’Argentine et du Chili. Nous nous sommes enfoncés dans l’outback et avons toujours été à l’affût. Pas l’ombre de la queue d’un. Notre dernière chance est le parc des Torres del Paine. Mais voilà, la bête se fait discrète et la seule fois que Juan en a vu c’était en hiver, “à cinq mètres de distance, on faisait une pause assis dans la neige avec mon pote, on l’a pas vu arriver et, d’un coup, il était là, il a tourné la tête vers nous, eye contact et il est parti comme il est arrivé. Même pas le temps de sortir l’appareil pour faire une photo”.
Apparemment, il y a trop de pumas dans la région et on encourage les chasseurs à les éliminer !?! Juan nous montre le pendentif qu’il porte au cou: une canine de puma rapportée par un de ses amis chasseur qui n’est pas revenu “broucouille”. La dent est impressionnante. La base fait bien ses deux centimètres de diamètre et sa longueur doit garantir une excellente pénétration dans une cuisse d’humanidé en fuite. On a quand même bien envie d’un rencontrer un.
Nous profitons de cette journée pour préparer notre trek. Le tour des Torres del Paine, c’est 155 km à réaliser en 8 jours et en complète autonomie. La recette du succès, c’est le poids du sac. Il faut prendre l’indispensable et laisser le “nice-to-have” à l’auberge ou dans le camping-car. Faire la différence entre les deux, c’est un art qui demande pas mal d’expérience…et même avec ça on a réussi à en prendre trop. La différence avec une randonnée normale ou même le GR20, c’est l’impossibilité d’avoir du ravitaillement sur le chemin. A moins de réserver des semaines à l’avance des repas hors de prix dans les refuges ou de vouloir se nourrir exclusivement de Pringles. Le Coca-Cola et les Pringles, les deux seuls aliments que vous trouverez n’importe où dans le monde, y compris dans les endroits les plus reculés comme des villages de vingt âmes au milieu du sud Lipez ou dans les minuscules cahutes situées à trois jours de marche et de route du premier village patagon.
Avec Michelle qui va nous rejoindre plus tard sur le trek, nous constituons des rations journalières que nous enfermons dans des sacs de congélation zippables. Au menu, café, thé, sucre, dosettes de confiture et de dulce de leche, céréales et lait en poudre pour le petit-déjeuner. Pour le déjeuner, salami, tranches de fromage et un gâteau dit de “Pâques” trouvé à Noel dans un supermarché de Puerto Natales. C’est bourré de fruits secs et ça évoque plutôt le Christmas Pudding anglais. Un véritable étouffe-chrétien. Le soir, c’est soupe instantanée, purée mousseline et petites madeleines pour le réconfort.
A l’assaut du parc
Le parc des Torres del Paine est classé au patrimoine de l’Humanité par l’Unesco. Il a la réputation d’être l’un des plus beaux parcs du Chili. Sur 229.000 hectares, steppes, forêts, lacs, montagnes et glaciers. La nature à l’état brut. Des dizaines de milliers de visiteurs viennent chaque année pour admirer en particulier les emblématiques Torres del Paine, une série de trois sommets acérés surplombant un lac de glacier. De nombreux randonneurs viennent aussi parcourir le W Trail qui a été élu par le guide Lonely Planet comme étant l’une des 10 plus belles randonnées au monde. Rien que ça !
Quelque chose me dit qu’on ne va pas être tout seuls sur cette partie du trek. Notre plan à nous est de faire le tour complet du massif des Torres. Le W Trail constitue les derniers jours de notre parcours. Oui, nous sommes aussi ici grâce au Lonely.
- Jour 1: Campamento Torres - Campamento Seron
Nous nous lançons sur le chemin par un temps maussade. Il bruine. Nous devons réaliser 11 km jusqu’au Campamento Seron où nous passerons la nuit.
Nous pérégrinons sur des collines par des chemins boueux en longeant des barrières en fil barbelé. Chose curieuse, cette partie du parc est privatisée. Pas vraiment le sanctuaire que nous avions imaginé. Vers le milieu de la journée, nous atteignons une plaine plantée de millions de marguerites. Des touches de blanc dans le paysage gris. Le temps ne s’arrange pas: la bruine s’est transformée en pluie régulière.
Notre progression est arrêtée par une rivière qu’il faut traverser à gué. Des groupes de randonneurs équipés sortent des chaussures étanches (genre Crocs) pour passer les pieds dans l’eau gelée. Nous penchons plutôt pour la bonne vieille méthode du saut de pierre en pierre. Le lourd sac et le manque de possibilités de prendre de l’élan complique l’opération. On cherche le meilleur endroit pour passer, tergiversons. Nicolas se lance. Il passe au sec mais de justesse. Je suis moins grande et très chargée… je me tâte. Une bonne minute. La minute de trop: le niveau de l’eau augmente et sans que nous nous en apercevions, la rivière a recouvert les pierres. Plus de pont. Légère panique. Heureusement, les Israéliens fraichement sortis de leur trois ans de service militaire et qui ont passé le gué quelques instants avant nous se mettent en quête de grosses pierres pour me constituer un nouveau pont. Grace à eux, je réussis à passer presque au sec. Merci les gars!
Nous suivons le chemin jusqu’à Seron. Nouvelle inquiétude car le GPS nous indique 14km au compteur alors que le camp était censé se trouver à 11km. L’avons-nous raté ? Alors que nous apprêtions à revenir sur nos pas, le voilà qui apparait. La carte qui nous a été remise par les rangers du parc est simplement erronée.
Nous montons la tente sous la pluie qui se renforce d’heure en heure. Sous le toit de taule qui abrite deux tables de pique-nique, nous sommes interpellés par Jarek, un Polonais installé en Nouvelle-Zélande. Il commente la météo: “j’ai beau y être habitué, je déteste toujours autant la pluie”. Nous faisons connaissance avec le reste de la clique: André (Australo-Polonais), Julius (Hollandais vivant en Nouvelle-Zélande) et Michael (Allemand). Incroyablement cultivés, tous polyglottes (Julius maitrise 7 langues, y compris le japonais), ces quatre-là ont toujours la patate et le mot pour rire. Une compagnie sympathique avec qui nous aurons énormément de plaisir à discuter lors de ce trek. Nous terminons cette journée joyeusement autour d’une soupe de pâtes en devisant sur Delicatessen, le film de Jeunet et Caro.
- Jour 2: Campamento Seron - Campamento Dickson
Les derniers randonneurs sont arrivés la veille sous une pluie battante. Ce matin, un grand soleil inonde les champs de marguerites.
Les campeurs malchanceux qui ont dormi trempés ont étalé toutes leurs affaires sur les dizaines de mètres de fil barbelés qui longent le chemin. On dirait un décor napolitain… le vent en plus, qui oblige quelques infortunés à courir après leurs chemises et autres chaussettes qui prennent la clé des champs.
Une balance accrochée à un arbre nous permet de confirmer ce dont nous avions un vague soupçon. Nos sacs sont beaucoup trop lourds. 13kg pour moi et 20 kg pour Nicolas!!!
Le vent, le problème du jour. La carte signale sur cette seconde étape des passages venteux. En Patagonie, une telle indication signifie qu’on ne pourra pas tenir debout. A l’approche du passage critique, on voit déjà les rafales se matérialiser sur l’eau des lacs. Le frémissement de la surface nous permet de suivre la course de la bourrasque et de savoir quand elle arrivera sur nous. Passés sur le versant du lac Paine, je me fais carrément jeter par terre par le vent qui est, ici, ininterrompu. Nous nous faisons arracher nos bandeaux de pirate pourtant solidement vissés sur la tête. Notre marche n’est d’ailleurs plus vraiment verticale.
Nicolas profite des bourrasques pour pulvériser le record de longueur de crachat. L’ultra classe ! (vidéo)
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Nous parvenons au Campamento Dickson. Un camp situé dans un site incroyable. On y accède après être descendus à la verticale d’une falaise. Une grande prairie serrée entre deux lacs accueille les randonneurs fatigués. Les arbres en bordure nous abritent du vent. Ce soir, c’est purée aux herbes… et aux moucherons qui nous attaquent par escadrilles. On rentre bien vite dans la tente.
- Jour 3: Campamento Dickson - Campamento Paso
Aujourd’hui, c’est un peu comme le cirque de la solitude du GR20. Nous avons devant nous la plus grosse étape en terme de longueur et de difficulté. Le parcours fait 25km et comprend un passage de col à 1200m. En effet, nous doublons une étape pour arriver, ponctuels, au rendez-vous donné au Refugio Grey aux parents de Nicolas. Par ailleurs, nous souhaitons nous donner deux chances de pouvoir passer le col au cas où la traversée serait rendue impossible par de mauvaises conditions météo. On raconte que des gens ont dû redescendre la veille à cause de la neige et du brouillard.
Cette journée de marche commence facilement. Nous avançons pendant des kilomètres dans une majestueuse forêt, passons quelques ponts au dessus de rivières grossies par les pluies des jours précédents.
Nous atteignons le Campamento Los Perros situé à proximité d’un lac surplombé d’un impressionnant glacier.
Pas de regret concernant le camp. Sombre et humide, il parait limite sinistre avec la pluie qui s’invite de nouveau en cette fin de matinée. Nous profitons, cependant, du terrain plat pour déjeuner. Parce qu’après, ça grimpe de façon ininterrompue jusqu’au col. Le chemin que nous empruntons est abominable. Accrochée aux pentes boisées de la montagne, la sente est un véritable bourbier. Les planches en bois qui aidaient à la progression ont été englouties. Par endroits, le chemin est carrément impraticable et de nouveaux chemins ont été créés qui partent dans toutes les directions et qui mènent parfois… à rien. Nous perdons du temps sur ce tronçon à retrouver des marquages et à essayer d’échapper en vain au “gaugeage”.
L’enlisement prend fin lorsque nous atteignons la limite boisée de la montagne. Nous enchainons sur des pierriers glissants et instables. La pluie et le vent sont de la partie. Malmenés par les éléments, mais au sec dans nos vêtements techniques, nous avons l’impression d’incarner l’idéal marketing des marques d’équipement outdoor qui ont pour slogan Draußen zu Hause, Träume erleben, Never stop exploring. Nous vous laissons deviner les références.
Nous arrivons en haut après plusieurs heures d’ascension. Ce qui est impressionnant avec les passages de col, c’est la différence des paysages entre les deux vallées qu’il séparent. On a toujours le sentiment de passer d’un monde à un autre. Derrière notre col du jour s’étend le glacier Grey. Il est dans la brume aujourd’hui. Nous espérons pouvoir l’admirer plus demain.
Après l’ascension boueuse, nous avons droit à la descente toboggan. Le chemin plonge presque à la verticale sur un chemin extrêmement glissant. Dans la boue, nos prédécesseurs ont magnifiquement imprimé leur empreintes de chaussures de marche dérapant sur plusieurs dizaines de centimètres, et, on aperçoit même par endroit des marques de postérieurs qui doivent avoir pris une belle teinte ocre. Nous manquons, nous même, plusieurs fois de nous étaler. Nos bâtons de randonnée nous permettent de nous rattraper in extremis. Nous dépassons un couple qui n’en possède pas. Il arrivera au Campamento Paso une heure et demie après nous.
Le Campamento Paso situé à 300 mètres au-dessus du glacier Grey ne propose comme facilité qu’une “cabane-au-fond-du-jardin” et un modeste abris de taule pour faire la cuisine.
Pour cette raison, il est gratuit. Nous montons notre tente sur un minuscule emplacement à peu près plat. Nous discutons avec nos amis polonais-allemano-néo zélandais-australo-hollandais. Pour eux aussi, la descente a été rude.
- Jour 4: Campamento Paso - Refugio Grey
Aujourd’hui, nous nous réveillons en ayant le sentiment d’avoir dormi dans une chambre froide ou dans une pièce avec un congélateur ouvert. Le glacier Grey assure la fraicheur des lieux. Nous nous préparons, congelés de la tête aux pieds, et c’est en grelottant que nous commençons la marche de la journée. Nous longeons ce matin le glacier. Le temps s’est dégagé et il se laisse enfin admirer.
Nous passons de longues minutes à le regarder et à prendre des clichés. On redoute déjà l’opération tri des photos, tellement il incite au déclenchement. On dirait un immense fleuve impétueux dont on aurait figé les mouvements. On y détecte les courants principaux matérialisés par des lignes de moraines grisâtres, des tourbillons causé par les changements de relief des berges, et des vagues bleues formées par l’éclatement des blocs de glace en surface.
Sur cette section, nous devons traverser des quebradas impressionnantes à l’aide d’échelles ou de pont de singe non moins impressionnants.
Nous dépassons l’endroit où le glacier termine sa course dans le lac du même nom. Le glacier Grey régresse visiblement et laisse apparaitre des langues de terre qui étaient invisibles il y a quelques années.
Les Rémichelle arrivent deux heures après nous au Refugio Grey en direction inverse. Nous nous racontons nos aventures respectives devant une boite de Pringles… Le soir, nous allons en famille voir le coucher de soleil sur le Lago Grey.
- Jour 5: Refugio Grey - Campamento Italiano
Ce matin, nous laissons partir les Rémichelles, histoire de leur laisser un peu de marge afin de nous retrouver ensemble pour le pique-nique.
A partir du Refugio Grey, nous entrons sur le W Trail. Nous sentons véritablement le changement avec les jours précédents. Finis les sentiers intimistes où l’on a l’impression de pouvoir profiter, en tout exclusivité, de la beauté des lieux. Maintenant c’est l’autoroute. Des groupes entiers de D’jeuns du monde entier se lancent sur le sentier. Parfois avec, mais souvent sans expérience de la marche. Ils ne répondent généralement pas à nos saluts et, ne connaissant pas les règles de priorités sur les chemin, ils nous bousculent parfois sans vergogne et sans s’excuser. C’est le second effet Kiss Cool du Lonely Planet.
Le chemin longe le Lago Grey et offre de beaux points de vue sur le front du glacier. Nous retrouvons les Rémichelle qui, affamés, ont attaqué leur nouilles au boeuf lyophilisées sans nous attendre.
Nous descendons de la berge promontoire par une vallée qui nous mène au Refugio Pehoe. Il porte le nom du magnifique lac aux couleurs vert et turquoise qu’il surplombe. C’est aussi ici qu’arrivent par centaine les randonneurs du W Trail par bateau. Nous faisons une pause pour attendre les parents de Nicolas. Ils arrivent, fourbus. Rémi, surtout, qui porte un sac à dos énorme et de mauvaise conception. Son sac a l’air encore plus lourd que celui de Nicolas. En plus d’avoir un matériel de base plus pesant, les Rémichelle ont cru bon d’emmener des petites choses pour améliorer leur confort telles que des coussins gonflables et - comble du luxe - des taies d’oreiller. Mais de centaines de grammes en centaine de grammes supplémentaires, le sac devient bientôt intransportable. On leur propose bien de leur prendre des affaires mais ils refusent. Résultat, c’est moral dans les baskets pour tout le monde. Heureusement, le camp a l’air sympathique et les parents de Nicolas décident de rester pour la nuit pour faire le point et se donner la possibilité de partir par bateau s’ils décident de quitter le trail. Ils nous promettent, cependant, que si il fait beau, ils feront un effort pour continuer.
Nous reprenons le chemin pendant deux bonnes heures afin d’atteindre le Campamento Italiano. Situé sous une forêt humide et froide, ce camp gratuit est la porte d’entrée de la vallée du Français. Après avoir longtemps cherché, nous trouvons une place à côté d’un petit ruisseau, en face du couple danois-norvégien qui fait, lui aussi le tour complet des Torres.
- Jour 6: Campamento Italiano - Campamento Los Cuernos
Une fois n’est pas coutume, nous laissons la tente et les sacs au camp pour explorer en toute légèreté la vallée du Francais. Après avoir fait les saumons, c’est-à-dire, remonté le long du torrent, nous arrivons en vue d’un immense cirque. Un gigantesque glacier occupe les flancs de la montagne et laisse échapper, dans un fracas terrifiant, des morceaux de glace qui s’écrasent dans la vallée. En faisant écho, le cirque démultiplie le vacarme. Depuis le Campamento Italiano, qui n’est pourtant pas à côté, nous avons entendu toute la nuit ces décrochements de blocs gelés, en croyant à chaque fois que nous allions être engloutis sous une avalanche géante.
Nous progressons ensuite jusqu’à un second cirque avec un point de vue splendide sur la “cathédrale”, un sommet gelé avec des tours blanches dignes de Minas Tirit.
Nous redescendons, récupérons nos affaires (ouf, elles sont là !) et poussons jusqu’au Campamento Los Cuernos. La journée est magnifique, pas un poil de vent. On a de forte chance de retrouver les parents de Nicolas. Le camp de Los Cuernos est situé juste après un lac aux eaux claires bordé de plages de galets. Sur la plage, ça fleure bon les chaussettes pourries par cinq jours de randonnée dans la boue. Bref, ça pue des pieds ! Tout le monde a eu le même réflexe, certes bizarre, mais non moins compréhensible de retirer ses chaussures de rando pour plonger les pieds dans l’eau. Elle est gelée mais son appel cristallin est irrésistible. Le Norvégien, conditionné par ses gènes scandinaves, y plonge le corps entier. Pour vous donner une idée de la température, l’eau du lac provient directement des glaciers…
On retrouve effectivement les parents de Nicolas que le soleil a convaincus de continuer l’aventure. Nous retrouvons aussi nos amis Jarek, Michael, Julius et André devant un verre. André qui habite à Sydney et apprend que nous serons de passage dans les semaines qui suivent nous invite spontanément à séjourner chez lui. André, le genre de rencontre qui enjolive drôlement le voyage.
- Jour 7: Campamento los Cuernos - Campamento Los Torres
Une étape sans grand intérêt, qui consiste à rejoindre le Campamento Los Torres avant d’effectuer le sprint final vers les Torres del Paine. Il pleut sans discontinuer ce jour-là. Nous rejoignons le camping-car des Rémichelle et tentons de faire sécher nos vêtements. Michelle et Rémi arrivent quelques heures plus tard, trempés jusqu’aux os eux aussi.
- Jour 8: Campamento Los Torres - Mirador Los Torres
Le clou du spectacle, c’est pour aujourd’hui. Nous avons un peu peur des nuages qui s’amoncellent sur les Torres. Nous les voyons du Campamento Los Torres en train de menacer nos futures photos-souvenirs.
Nous partons de bon matin avec Rémi. Lors de l’ascension, nous retombons sur la plupart des amis que nous nous étions faits depuis le début du trek et leur faisons nos adieux.
Nous passons dans une impressionnante vallée extrêmement ventée. On a du mal à tenir debout, une fois de plus. Au fond de la vallée, on attaque l’ascension finale, à flanc dans un immense pierrier aux blocs de roche titanesques.
Derrière eux, les Torres del Paine. Trois pics acérés de pierre ocre qui se reflètent dans un lac de glacier. Les Torres nous rappellent le Fitz Roy. Il suffit d’un rayon de soleil pour créer l’embrasement. D’ailleurs, les plus courageux des trekkers se lèvent, par beau temps, aux aurores, pour assister au lever de soleil sur les tours. Honnêtement, étant donnée la météo de la veille, nous n’avons pas eu le courage de passer la nuit ici sous la pluie pour voir le feu d’artifice.
Voilà, nous avons parcouru les 155 km du tour du parc des Torres del Paine. Devant une bière dans le camping-car des parents de Nicolas, nous remettons solennellement à chacun une récompense: un écusson en tissu acheté dans une boutique-souvenir du parc. Il représente les Torres. On peut le coudre sur un sac, une manche de veste pour se la raconter, ou on peut s’en servir pour rapiécer un vieux jean troué.
C’est la médaille pour avoir randonné sur:
- le grand O, le tour complet du parc
- le grand U, le W trail amputé de la vallée du Français pour Rémi
- le grand L, le W trail moins la vallée du Français et les Torres pour Michelle qui a préféré sa couette le dernier jour…
Retrouvez ici toutes les photos des Torres del Paine.
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