La frontière et la douane boliviano-chilienne passées, nous débarquons à San Pedro de Atacama. La ville est une oasis dans le désert réputé comme étant le plus sec au monde. Moins de 100 millimètres de précipitations par an. En gros, il y a ici trois grosses averses en une année. On devine déjà que les douches et la lessive vont être un problème lors de notre séjour. La suite nous donnera raison: le coût d’une lessive de 5 kg à San Pedro…10€. La blanchisserie la plus chère du monde!
Par ailleurs, la région est connue pour ses richesses en minerais. Les sols sont riches en métaux lourds et l’eau des nappes phréatiques est chargée, entre autres, en arsenic. Donc, on ne peut ni boire, ni cuisiner avec l’eau courante. On cuit les pâtes à l’eau minérale. L’eau de la douche nous brûle complètement la peau. Même Mitsi, la chatte de la maison, ne s’y trompe pas : elle fait la cour à quiconque revient des courses avec un bidon d’eau minérale. Pour peu que vous lui en donniez, elle prend directement un abonnement pour dormir dans votre chambre.
Après la Bolivie qui est certainement le pays le moins cher d’Amérique du sud, nous avons l’impression de nous faire arracher notre porte-monnaie à chaque achat. L’isolement de la ville (les fruits viennent de 1700km au sud) combiné à l’afflux constant des touriste en fait une des ville les plus chères du continent. Nous dépenserons en 5 jours (en faisant vraiment attention), le tiers de notre budget bolivien (25 jours).
Pour autant, San Pedro de Atacama est une ville très agréable. On s’y promène en T-shirt et sandales. Les gens sont sympathiques et engagent volontiers la conversation. La place du village et son église sont très jolies.
San Pedro est au milieu d’une zone géologiquement très intéressante: canyons, volcans (la ville est dominée par le Licancabur), salars, geysers… On pourrait s’occuper facilement deux semaines entières. Nous optons pour la découverte de la vallée de la Muerte à cheval, une escapade à vélo dans la Vallée de la Luna et la visite du musée archéologique. Nous ajoutons à ce programme une soirée d’observation astronomique guidée par Alain Maury, une sommité dans son domaine.
La vallée de la Muerte à cheval :
C’est le guide du Routard qui nous en a donné l’idée. Nous négocions avec les tenanciers du Ranch El Cactu une promenade de 5 heures à cheval. Pour Nicolas, c’est le baptême du feu. Il n’a jamais fait d’équitation de sa vie. Après avoir revêtu guêtres et bombes, nous voici partis, Fito, Nicolas, Trago Largo, Granito, Tunero et moi pour la découverte d’une particularité géologique locale: la vallée de la Muerte. Rien à voir avec la Death Valley aux USA. Il s’agit de montagnes rouges sculptées par l’érosion. A l’origine, cette vallée portait le nom de Valle de Martes (Mars), en raison de sa couleur mais un problème de prononciation /compréhension l’a transformé en Vallée de la Mort.
Notre galop d’essai est peu concluant. Nos chevaux qui ne sont pas sortis depuis une semaine sont gonflés à bloc et ce qui devait être un galop contrôlé se transforme en course effrénée. Nicolas perd un de ses étriers et manque de faire un vol plané. Tunero et Nicolas qui sont sortis de la route reviennent dans le convoi, le cheval visiblement frustré de ne pas avoir pu continuer sa course et Nicolas visiblement très pâle… Mais selon le bon vieux principe du “ce qui ne te tue pas te rend plus fort”, il ne se laissera plus surprendre par sa monture et tiendra son Tunero tel un Bartabas son Zingaro.
Dans la vallée de la Muerte, on se croirait effectivement sur la planète Mars. Les paysages sont splendides et servent régulièrement comme décors de film, essentiellement pour des polars (excellent endroit pour cacher des corps…eh eh) mais aussi pour un film brésilien sur la vie de Jésus. Des paysages qui ressemblent au désert de Nazareth mais sans les coûts exorbitants d’un tournage en Israel.
Nous nous élevons au-dessus de la vallée par un chemin abrupt. Les chevaux sont d’un coup moins excités. Ils ont besoin de faire de nombreuses pauses, ce qui permet (presque) à Nicolas de dégainer son appareil pour faire quelques beaux clichés.
L’ascension terminée, nous évoluons sur un plateaux venteux. Au bout de quelques kilomètres crinière au vent, une magnifique dune de sable beige se forme sur la pente de la montagne. C’est par là que nous effectuons notre descente.
Fito, notre guide, nous conseille de forcer nos chevaux à le suivre de près car la pente est forte et les chevaux, impressionnés, hésitent parfois à s’engager sur le sable. Nos encouragements portent leurs fruits. Granito et Tunero entament la descente vertigineuse. Nicolas a parfois du mal à contenir l’enthousiasme de Tunero qui piquerait bien un triple galop en descente, quitte à faire un joli “cul par-dessus tête”. Le dessin des dunes est vraiment magnifique. Le soleil baissant, les couleurs des roches se ravivent. Entre deux trots, Nicolas fait le plein d’images.
Derniers galops avant de retrouver la ville de San Pedro. Nos trois compagnons récoltent accolades et notre pain de la journée pour leur performance et Nicolas les félicitations du jury pour son apprentissage express des rudiments de l’équitation. Le cheval : définitivement la meilleure manière de découvrir ce site.
Retrouvez ici les photos de la Valle de la Muerte.
La vallée de la Luna en vélo :
30 kilomètres au départ qui se transformeront en plus de 60 kilomètres avec franchissement d’un col parce que Nicolas n’aura pas vérifié son GPS… La vallée de la Luna, c’est un peu le fond de commerce de toutes les agences de San Pedro de Atacama. Les touristes débarquent en bus par centaines à la même heure (peu avant le coucher du soleil). Peu d’intimité, donc, dans cette vallée qui propose paysages lunaires (effectivement), belles dunes de sable, canyons et circuit dans des grottes.
Après notre belle expérience de la veille, un peu décevant par rapport à la publicité qui en est faite. Mais Nicolas réalise quelques beaux clichés.
Retrouvez ici les photos de la Valle de la Luna.
Nuit d’observation astronomique avec Alain Maury :
Alain Maury a découvert sept nébuleuses et publie régulièrement des articles dans le très sérieux Ciel et Espace. Il est venu s’installer dans le désert d’Atacama pour observer, dans les meilleures conditions possibles, astres et planètes et transmettre un peu de son savoir aux touristes de passage. Précisons ici que le VLT (Very Large Telescope) et l’ALMA (Atacama Large Millimeter Array) se trouvent dans la même région. La soirée se déroule en trois parties: cours théoriques, observation, discussion. La partie théorique nous permet d’avoir un aperçu de ce qu’on peut trouver dans le ciel du sud. Des constellations cachées, les nuages de Magellan, deux formes cotonneuses qui sont en fait des galaxies proches, la Voie Lactée mais avec un dessin différent…
Nous (ré)apprenons les basiques de l’Histoire de l’astronomie. La dizaine de télescopes nous permet d’observer, entre autre les Pléiades, la galaxie d’Andromède et un superbe amas stellaire. Lors de la discussion avec Alain Maury (autour d’un chocolat chaud), nous apprenons tout un tas de choses, directement ou indirectement liées à l’astronomie. Pourquoi, par exemple, représente-t-on souvent les pirates borgnes ? Rien à voir avec un accident d’abordage. Il s’agit d’une maladie professionnelle de marin. Pour connaitre leur position, les marins utilisaient un sextant. Le principe de fonctionnement est de mesurer l’angle formé par l’horizon et le soleil. Au bout de quelques années à viser à l’oeil nu le soleil, ils finissaient borgnes.
La soirée s’achève sur un goût de trop peu. On aurait bien voulu rester plus longtemps avec Alain Maury pour partager un peu plus et apprendre… encore plus. Mais il est déjà tard dans la nuit. Nous rejoignons notre chambre et Mitsi affalée sur le lit. La chatte s’est faufilée dans notre chambre, à notre insu, alors que Nicolas fermait la porte avant de partir pour la soirée.
Malgré la cherté de la vie et notre peau de lézard, nous avons des difficultés à quitter San Pedro de Atacama. Les paysages, les gens et le rythme de vie en font un village très attachant.
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