C’est la randonnée la plus célèbre et la plus courue de Zion National Park. Pourquoi? Parce que son parcours, c‘est la Virgin River! Le canyon de Zion se resserre en entonnoir sur les berges de la rivière, puis sur la rivière elle-même, pour n’atteindre, dans sa partie la plus étroite, que quelques dizaines de centimètres. Résultat, on marche, dans l’eau les deux tiers du temps, entre des falaises immenses et totalement lisses. C‘est ce qui fait l’intérêt et l’originalité de cette randonnée qui est, selon le Lonely Planet, une des 10 plus belles à faire dans sa vie. Pas moins…

USA Zion 097

Il y a deux possibilités de faire cette randonnée trempée:

  • la première est de se faire déposer par un shuttle privé (et payant) au Chamberlain Ranch Parking en amont de la rivière et de descendre pendant 12 heures dans l’onde pour rejoindre le temple de Sinawava. Sur le chemin, il y a aussi la possibilité de dormir dans un des campgrounds primitifs situés sur les berges. La réservation des places de campground doit être faite des mois à l‘avance, sans garantie sur la météo. L‘accès au parcours nécessite alors un permis des Rangers.
  • la seconde solution, plus simple, consiste en un aller-retour de 16 kilomètres depuis le temple de Sinawava. C‘est cette option que nous choisirons, plus flexible et moins encombrante (pas besoin de porter tente, sac de couchage, bouffe pour deux jours…).

Pour autant, la traversée des Narrows se prépare. Une visite aux Rangers du Visitor Center s’impose pour évaluer les risques et prendre quelques bons tuyaux. Dans la rubrique “dangers et enquiquinements”, on a:

  • les flash floods (les re-voilà !). Dans le Visitor Center, les bus et la documentation distribuée à l’entrée du Park, on peut voir des photos d’une inondation charriant une forêt de troncs sur son passage. Des slogans évocateurs vous rappellent que, pris dans la tourmente, vous n‘avez aucune chance. Le speech dans le shuttle vous informe que c’est la même Virgin River qui a creusé le Canyon et qui, à coup de colères redoutables, détruit régulièrement la route qui nous emmène à la fameuse randonnée. Son débit peut varier d’un rapport de 1 à 100 en quelques heures. Il est donc nécessaire de se renseigner sur les risques d’apparition des flash floods la veille et même le jour de l‘excursion. Le risque de flash flood est classée selon les termes “non attendue“, “possible“, “probable“ et “attendue“. Nous voilà rassurés ce mercredi 14 Août 2013 lorsque le tableau indique que la fureur des éléments est “not expected“.

USA Zion 292

  • l’hypothermie : la température de l’eau est meilleure en Méditerranée (et parfois même dans la Manche) et, ce, malgré la chaleur ambiante. Du coup, le risque existe, en restant plus de six heures dans l’eau, de faire descendre la température de son sang en dessous des 37°c.
  • chevilles foulées et orteils cassés : parcourir les Narrows, peut-on lire dans le journal du Park, c’est comme marcher sur des boules de Bowling. C‘est vrai ! Les pierres de la rivières sont rondes et glissantes et il faut des chaussures adaptées ainsi que des bâtons de marche pour maintenir son équilibre.
  • déshydratation: ça n’est pas parce que vous marchez dans l’eau que vous n’allez pas avoir soif. On a vu deux gars partir d’un pas décidé dans la rivière sans sac à dos. J’espère que, comme nous, ils étaient vaccinés contre l’hépatite A, le Typhus et autres jolies petites bactéries qui vous donnent la tourista de votre vie… L’eau de la Virgin River n’est pas potable.

Nous avons randonné avec nos chaussures Merell (non, nous ne sommes pas sponsorisés). Avantages : une semelle hyper souple et solide (Vibram) permettant une bonne adhérence sur les rochers tout en préservant nos didis (nos précieux doigts de pieds). En plus, la Merell, c’est l’amie du voyageur au long cours: ces chaussures sont extrêmement légères et se logent facilement dans un sac déjà plein à craquer. Seul inconvénient : même si elles sont censées avoir bénéficié d‘un traitement anti-bactérien, elles puent la mort (surtout celles de Nicolas), et ce, malgré plusieurs lavages. Les chaussettes dans les Merell, c’est pas que pour le style, c’est aussi pour garder (un peu) la chaleur. Avant de partir, nous avons aussi fait l’acquisition d’un sac étanche pour protéger nos affaires, en particulier, l’appareil photo de Nicolas. Un haut respirant à manches longues, eau, pique-nique et vogue la galère…

              USA Zion 080 USA Zion A 081

La première réaction en commençant la randonnée, c’est “ohh putain, elle est froide!”, 16°c ce matin. Après plusieurs dizaines de minutes, on oublie la morsure du torrent sur la voûte plantaire et on commence à apprécier le paysage (vidéo).

{videobox}72690067{/videobox}

Les Narrows attirent, malheureusement, une foule d‘apprentis randonneurs qui viennent, en tongs, se bousiller les chevilles sur les galets moussus. Au début du parcours, on doit ruser pour prendre des photos sans:

  • parents inconscients qui forcent leurs enfants apeurés à traverser la rivière (quand on fait 80cm et 30kg de moins, on sent le courant autrement)
  • nymphettes qui viennent en bikini comme si elles étaient à Saint-Tropez
  • “jeuns torse poil“ qui viennent se prouver qu’ils peuvent faire un truc hyper cool dans une tenue garantissant un bronzage sans trace (à moins de se viander méchamment sur un rocher, ce qui, à cet endroit, est une possibilité à envisager sérieusement)

Au fur et à mesure des difficultés du parcours, le flot des touristes s’effiloche et après un passage où l’eau atteint le haut de la taille, on se retrouve presque tout seul.

USA Zion A 171

Nous remontons donc le flot de la rivière, l’eau le plus souvent au niveau des genoux. Nous passons par Wall Street, un endroit où les parois sont très resserrées, très lisses et très hautes à l’image des immeubles du fameux quartier new-yorkais. La plupart du temps, nous sommes à l’ombre, le soleil n’arrivant pas à entrer complètement dans les gorges étroites, excepté pendant quelques instants, lorsqu’il atteint son zénith en milieu de journée. Les falaises sont illuminées alternativement à gauche ou à droite. On change d’éclairage après chaque méandre. On s‘arrête pour apprécier les jeux de lumière.

USA Zion 116

Après le Canyon d’Orderville, que nous laissons sur notre droite, la visite se fait plus intime. On marche le plus souvent sur des rochers mais passons quelques fois sur des dizaines de mètres de bancs de sable blanc qui soulagent nos chevilles et permettent de relâcher notre concentration. Nous arrivons ainsi après 3h30 de barbotage à Big Spring, une chute d’eau qui alimente la Virgin River, limite naturelle après laquelle nous avons besoin d’un permis des rangers. Nous déjeunons au soleil sur un beau rocher plat au milieu des eaux cristallines. Notre table de pique-nique est, aujourd'hui, une île.

USA Zion 118

Avec les températures qui augmentent, l’après-midi, nous nous surprenons à ne plus vouloir quitter le lit de la rivière, méprisant les berges que nous nous empressions de rejoindre le matin pour mettre nos pieds à l’abris du froid. Une fois la technique de marche sur galets acquise et les risques de chutes diminués, on apprécie la fraîcheur de l’eau qui active la circulation. C’est vivifiant et ludique. On adore, on vote pour, on recommande cette randonnée mouillée !!!

Après avoir pataugé pendant six heures, nous rejoignons le début de la randonnée, où les baigneurs et promeneurs sont foule. L’eau claire qui depuis le matin est remuée par des centaines de paires de jambes hésitantes en amont… est désormais boueuse à cette endroit.

Retrouvez ici toutes les photos des Narrows.

Comments powered by CComment